Loi Denormandie : un renouveau de la loi Pinel dans l’ancien

Dans le cadre de la nouvelle loi de finances du gouvernement pour 2019, Julien Denormandie a annoncé un nouveau dispositif de défiscalisation dans l’immobilier ancien qui portera son nom. La « loi Denormandie » a été définitivement adoptée le 21 décembre à l’Assemblée nationale.
 

Un appartement qui se défini comme une passoire thermique
 

Dispositif Denormandie : une incitation à la réhabilitation des centres-villes

Avec cette nouvelle carotte fiscale, l’objectif est clair : lutter contre les logements indécents en renouvelant l’immobilier urbain des cœurs de ville. Cette loi est entrée en action depuis le 1er janvier 2019 pour une durée de trois ans, soit jusqu’au 31 décembre 2021.
Tout comme la loi Pinel, il s’agit d’un investissement locatif permettant de réduire ses impôts de :

  • 12 % pour un investissement locatif pendant 6 ans
  • 18 % pour un investissement locatif pendant 9 ans
  • 21 % pour un investissement locatif pendant 12 ans
Cependant, il subsiste une différence notable entre le Pinel dans le neuf et le Pinel dans l’ancien. En effet, la loi Denormandie a un but purement qualitatif avec la rénovation de logements dans les villes moyennes alors que le Pinel dans le neuf détient un but quantitatif afin de permettre un nombre suffisant de construction d’habitat neuf, notamment dans les zones en forte demande de logement.
 

Le dispositif Pinel dans l’ancien ne marchait plus

La loi Pinel dans l’ancien existait déjà auparavant, mais les conditions pour bénéficier des avantages étaient perçues comme trop complexes. C’est pour cela que la loi Pinel dans l’ancien n’a jamais eu le franc succès de la loi Pinel dans le neuf qui a permis de dynamiser les constructions de logements neufs. De ce fait, les investisseurs ont privilégié la loi Pinel dans le neuf pour réduire leurs impôts. Cependant, même si la construction de logements neufs est importante, la rénovation de logements insalubres l’est tout autant. Ainsi, Julien Denormandie a décidé de revoir cette loi pour en élaborer une nouvelle qui ôterait certains freins jugés trop contraignants.

Il fallait par exemple réaliser un nombre minimum de travaux conséquent alors que la réduction fiscale ne portait que sur le foncier seul. Ceci est modifié dans la nouvelle loi afin de permettre une ristourne fiscale sur l’ensemble de l’investissement. La nouvelle loi Denormandie ne prend pas en compte le critère de performance énergétique et se limite à une rénovation à hauteur de 25 % du prix total (logement + travaux). La levée de ces contraintes est une réelle incitation à la rénovation car il fallait auparavant remettre quasiment à neuf le logement, ce qui décourageait un grand nombre d’investisseurs au vu de la complexité financière et technique. Il arrivait même parfois qu’il y ait une perte de surface tellement les travaux d’isolation et de chauffage étaient conséquents.
 

Une rénovation de logement qui devient urgente

De nos jours, il y a beaucoup trop de ménages qui ne bénéficient pas de conditions de logements décentes. Ces logements sont, à l’accoutumés, appelés des passoires thermiques, c’est-à-dire des logements dont l’étiquetage énergétique serait F ou G. On en compterait entre 7 et 8 millions en France. Parmi ces logements, certains sont jugés indignes, le ministère en compte 450 000. Pire que les passoires thermiques, ces logements indignes représente un risque à la santé et à la sécurité de ses habitants. La rénovation du parc immobilier privé devient donc urgente.

Preuve de l’urgence de la situation la ville de Marseille à elle seule compte 40 000 logements indignes, d’ailleurs, la nouvelle mesure pour la rénovation de logements anciens a été approuvée à l’Assemblée nationale seulement quatre jours après le drame de Marseille. Deux immeubles situés en centre-ville se sont effondrés en raison d’un état de délabrement très avancé. Ce triste fait d’actualité rappelle l’importance de mettre fin à ces logements insalubres.
 
Beaucoup d'appartements ont rapidement besoin de travaux
 

Les conditions d’éligibilité de la loi Denormandie

Pour être éligible à la défiscalisation immobilière prévue par la loi, il faut :
 
  • Acquérir un bien entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2021
  • Acheter un logement ancien pour y effectuer des travaux d’amélioration
  • Les travaux d’améliorations doivent représenter au minimum 25% du coût total de l’opération
  • Louer le bien pour une durée comprise entre 6 et 12 ans à un loyer plafonné
  • Il n’est plus possible de bénéficier de la réduction d’impôts au-delà d’un budget d’acquisition de 300 000 euros
  • Le logement doit se trouver dans une des communes éligibles au dispositif (Ville du plan d’action cœur de ville & celles éligibles aux ORT).
Ces conditions sont donc bien moins contraignantes que la précédente loi Pinel dans l’ancien et devrait ainsi permettre de susciter l’intérêt de plus en plus d’investisseurs permettant une forte rénovation de l’immobilier urbain en France.
 

Un zonage différent qu’à l’habitude

Il est de coutume d’utiliser le zonage habituel que l’on connaît dans l’immobilier, à savoir, la zone A, A bis, B et C. C’est d’ailleurs le zonage qui est utilisé pour la loi Pinel dans le neuf. Cependant, la loi Denormandie déroge à cette règle et un zonage spécial a été mis en place pour répondre au mieux aux besoins du dispositif.

Au total, ce sont plus de 300 communes qui seront éligibles au dispositif. Elles ont été définies dans un premier temps par le Plan d’Action cœur de ville. C’est un plan mit en place par l’État qui comptabilise 222 communes et qui rentre dans un contexte global de dynamiser les centres-villes. Ce plan d’action prévoit notamment un investissement de 5 milliards d’euros sur 5 ans. Cela cible les centres urbains désertés, sans prendre en compte la taille de la ville ou bien la tension du marché immobilier.

En plus de ces 222 communes, d’autres en sont éligibles, celles ayant conclu des opérations de revitalisation du territoire (ORT). Il faut savoir que cette liste n’est pas forcément arrêtée car Julien Denormandie a précisé que « Toutes les villes de France sont éligibles aux ORT ».

Le gouvernement priorise les villes moyennes tel qu’annoncé par Jacques Mézard en début d’année 2018, ministre de la Cohésion des territoires à cette époque : « J’ai la conviction que les villes moyennes sont un vecteur essentiel de développement de nos territoires. Elles concentrent 23 % de la population française et 26 % de l’emploi. (...) Une action forte était indispensable pour les villes moyennes et leurs intercommunalités ».


Les villes retenues pour le plan acion coeur de ville
 

Vous pouvez d’ores et déjà consulter la liste des 222 communes bénéficiaires du plan action cœur de ville.